Niya et le monde des rêves
- La clef en Soi
- 26 sept. 2020
- 37 min de lecture
A mes amis les dragons de la lumière arc en ciel …
Chapitre 1 : le monde où tout est à sa place
Il était une fois, une petite fille qui s’appelait Niya. Elle habitait dans un monde où tout était à sa place et où chaque jour suivait l’autre, imperturbable et sans surprise.
Elle vivait avec son papa et sa maman, dans une belle maison toute propre et bien rangée.
Le matin elle se réveillait à la même heure, faisait ses exercices matinaux d’assouplissement et s’habillait de la même robe. Puis, elle rejoignait ses parents qui l’attendaient pour déjeuner des œufs et un jus d’orange. Une fois son déjeuner fini, elle embrassait ses parents et partait à l’école où elle rejoignait, dans un croisement pavé de gazon artificiel, sa copine Sophie. A l’école, elle passait la journée à écouter Mlle Requiqui qui leur enseignait les leçons du jour. Dans la cour, comme chaque jour, elle conversait avec Sophie, jusqu’à ce que Paul vienne la chahuter. Puis elle retournait par le même chemin et quittait son amie au même croisement. Quand elle rentrait chez elle, sa mère l’attendait pour goûter. Tout en mangeant, elle ne cessait de se plaindre de Paul qui l’agaçait. Sa mère souriait et lui répondait :
- je crois que ce Paul t’aime bien ….
- Beuh… répliquait Niya
A la fin du goûter elle débarrassait et étudiait ses leçons dans sa chambre. Elle entendait son père rentrer et s’asseoir sur le canapé. Elle le rejoignait et lui faisait un câlin. Puis, sa mère les invitait à table, sur laquelle se trouvait son incontournable plat d’haricot et de poisson épicé. Après le repas, elle débarrassait et embrassait ses parents pour monter dans sa chambre.
Chaque jour se ressemblait, identique à l’autre et tout le monde semblait heureux de cela.
Seul Niya s’ennuyait…
Bien qu’elle ne connaisse que ce monde, elle n’arrivait pas à adhérer à cet univers où chaque jour était monotone et semblable aux autres. Mais elle ne pouvait en parler à personne car elle ressentait que l’exprimer était tabou et interdit : la récurrence et l’uniformité semblaient des valeurs garantes d’une sécurité et d’une tranquillité indispensables dans ce monde.
Cependant, quand elle fermait les yeux, au moment de se coucher, elle percevait des mondes différents et partait les explorer, vivant de folles aventures rocambolesques.
C’était son secret…
Chapitre 2 : le monde change….
Comme tous les jours, Niya passa sa journée semblable et identique.
Seulement, quand son père ouvrit la porte le soir, Niya sentit quelque chose de différent et d’impalpable rentrer dans la maison. Elle vit comme une longue silhouette transparente se déplacer jusqu’à sa chambre. Comme ses parents ne semblaient se rendre compte de rien, elle resta calme et silencieuse, bien qu’elle ressente une subtile variation imprégner l’air. Elle observa d’infimes changements, comme les chaussures de son père qui avaient maintenant des lacets brillants, son attitude plus ouverte (grand sourire, bras tendu, paroles réconfortantes) ; sa mère quant à elle, portait une barrette brillante dans les cheveux au lieu de son petit peigne noir et terne et au repas, ses parents se mirent à plaisanter sur la grosseur du poisson (d’une taille plus importante qu’à l’habitude).
Le plus étrange, c’est que ses parents ne semblaient pas remarquer ces changements. Pendant le repas, son père fit sa traditionnelle remarque : « Ma chérie, ton repas est divin » Et comme de coutume, sa mère gloussa.
Après avoir débarrassé et s’être brossé les dents, elle mit son pyjama. Ce dernier s’avéra plus doux et plus confortable …. Elle se mit au lit, et, au moment où elle ferma les yeux, la silhouette transparente se présenta et se déplaça dans sa chambre. Bien qu’elle ne distingua pas clairement de forme, elle en ressentit une forte énergie de bienveillance et d’amour.
La substance tourna autour d’elle, puis s’arrêta devant son lit et se métamorphosa en échelle…..
Chapitre 3 : le monde entre deux
Niya se frotta les yeux pour s’assurer qu’elle ne rêvait pas, mais cela ne ressemblait en rien à sa vie coutumière et ses aventures nocturnes. Quand elle ouvrit les yeux, l'échelle était toujours au pied de son lit. Elle semblait faite de coton. Elle s’approcha pour la toucher et se sentit immédiatement attirée pour y grimper. Ce qu’elle fit machinalement et quand elle reprit conscience, elle se vit grimper sereinement les barreaux. Elle montait tranquillement, confiante et ressentait un sentiment de plénitude au fur et à mesure de son ascension.
Soudain, elle perçut un changement dans l’air. Elle s’arrêta pour scruter l’espace, mais ne vit ni son lit, ni une fin, seulement du vide. L’ambiance était différente, comme si une force puissante avait envahi l’air. Elle décida de poursuivre sa montée et l’atmosphère devint de plus en plus opaque.
Soudain, elle vit des formes éthériques tourner autour d’elle. Toujours confiante et sereine, elle continua de grimper et progressivement les formes se manifestèrent en prenant des apparences distinctes et visibles, au point qu’elle put clairement les identifier : des dragons.
Elle s’arrêta et les dragons se regroupèrent autour d’elle, formant un cercle. Ils possédaient des formes, des tailles, des couleurs, des pelages variés. Elle les salua et ressentit immédiatement un sentiment très profond d’amour et de bienveillance.
Le plus grand des dragons aux écailles lumineuses et rayonnantes s’approcha de Niya et lui dit :
- Nous te saluons, enfant de la terre sinistre. Je suis Gayamé, le gardien des rêves sacrés. Nous sommes honorés de te compter parmi nous. Nous avons beaucoup de choses à te dire, mais avant monte sur mon dos, je vais t’emmener dans un endroit singulier – celui des rêves sacrés….
Chapitre 4 : le monde des rêves sacrés
Niya se hissa sur le dos de Gayamé qui s’envola, suivit des autres dragons. Une mélodie harmonieuse emplit l’air. Les dragons entouraient Gayamé et Niya en une chorégraphie aérienne élaborée et ordonnée. Niya, s’émerveillait de ce ballet.
Au bout d’un certain moment, elle vit devant elle une sphère transparente et lumineuse. Gayamé la regarda et lui dit
- Nous y sommes, accroche-toi.
Elle s’agrippa à son cou et Gayamé descendit en flèche vers la sphère. Ses oreilles se bouchèrent, son corps se mit à trembler mais curieusement Niya n’éprouva aucune panique, au contraire, une douce chaleur l’envahit. Elle traversa la sphère entourée des dragons et ce qu’elle vit la saisit d’émerveillement : une nature luxuriante aux couleurs vives et étincelantes entourée une grande place opale où se promenaient des êtres lumineux.
Tout en douceur, Gayamé atterrit sur la place et s’étendit, entouré des autres dragons.
- Nous sommes arrivés, tu peux descendre.
Niya descendit et regarda autour d’elle. Rien ne ressemblait à ce qu’elle connaissait. Il émanait de ce lieu une quiétude immuable. Elle vit des êtres cheminer, certains seuls, d’autres accompagnés. Tous semblaient particulièrement paisibles. Elle remarqua la végétation verdoyante et fut particulièrement attirée par un arbre immense au rayonnement particulier. Tout en scrutant autour d’elle, elle découvrit au milieu de la nature, quelques installations cristallines en forme de dômes où les êtres allaient et venaient en souriant. Le ciel changeait constamment de couleurs pastelles. L’air était doux et agréable.
- Que c’est beau - Où suis-je ? demanda Niya
- Tu es dans le monde des rêves sacrés. Viens, tu es attendue …
Niya suivit Gayamé qui la conduisit devant l’immense arbre qui irradiait d’un vert émeraude. Elle se sentit directement attirée par lui et instinctivement, elle posa sa main sur son tronc. L’arbre changea de couleur : d’un vert émeraude il devint turquoise et un cœur lumineux rose flamboyant fit son apparition. Elle se sentit alors aspirée par lui et se retrouva dans un couloir à la lumière tamisée. Elle vit au loin une lumière blanche et s’y dirigea à pas assurés, jusqu’à parvenir à une grande salle lumineuse et vide. Un Être sans forme, étincelant vint à elle.
- Sois la bienvenue Niya. Tu es dans le monde des rêves sacrés. Nous te suivons depuis longtemps et le moment de la rencontre est enfin arrivé.
Niya regarda l’être. Il émanait de lui une grande bonté. Elle se sentit envahie d’un amour très profond.
- Sache que tu vis dans une fausse réalité qui a été créée il y a bien longtemps. Ton peuple a connu beaucoup de peurs et de grands désastres. Ils ont besoin de sécurité. Cependant, ils se sont vite enfermés dans une routine quotidienne fermant la porte à toutes créations et innovations indispensables à toute vie. Ils vivent dans une autre peur, celle de la nouveauté et ont décidé de s’enfermer complètement dans leur quotidien rassurant. Cela a duré longtemps et nous avons laissé faire espérant un miracle. Puis, tu es arrivée, avec tes rêves et tes envies d’ailleurs. Nous te suivons et avons vu les efforts considérables que tu as fournis pour t’adapter à ce monde. Maintenant il est temps : es-tu prête à affronter ton destin ?
Niya acquiesça. Tout en écoutant l’Être, elle visualisait des images qui confirmaient ses paroles. Un profond sentiment de gravité s’imprégna en elle : chaque pensée et action avaient des conséquences qui pouvaient changer le monde.
Soudain, une grande lumière apparut et Niya vit de nombreux être lumineux et bienveillants venir à elle. Chacun tenait dans leurs mains une boule où se déroulait une scénette
- Ce que tu vois, ce sont tous les rêves étouffés par la peur.
Niya regarda attentivement certaines boules et vit de l’amour, des rires, des espoirs, des inventions, des œuvres d’art, …. Ses yeux se remplirent de larmes.
- Ne sois pas triste mon enfant, car tu es là pour rétablir l’espoir de la nouveauté - Tu vas ramener les rêves dans ton monde…. Mais, pour cela, tu dois trouver des objets singuliers qui serviront à redonner vie aux rêves.
- Comment faire ?
- Gayamé et les dragons vont t’accompagner dans les mondes oniriques – ils savent où aller
- Mais comment savoir quoi prendre ?
- Ils viendront à toi – fais confiance à ton cœur, il sait
- Et si je me trompe ?
- Ne te laisse pas envahir par la peur, Gayamé et les dragons sont là - ils t’aideront et te protégeront.
Une dernière chose, le dernier monde est très particulier- Ce sont les restes de ton ancien monde. Reste alignée en toi et surtout connecte-toi à l’Amour Source, c’est la seule et unique force. Elle est en toi.
Niya se sentit aspirée. Elle se retrouva sur la place devant l’immense arbre aux côté de Gayamé.
Chapitre 5 le monde de l’eau
Gayamé, entouré des dragons, s’envola pour rejoindre l’espace. Il se dirigeait avec précision et certitude.
- Où va-t-on maintenant ? lui demanda Niya
- Nous allons dans le monde de l’eau, où se cache ton premier apparat
Niya se laissa transporter, observant l’air opaque autour d’eux. Elle peinait à distinguer les autres dragons bien qu’elle ressentait clairement leur présence bienveillantes et rassurantes.
Au bout d’un certain moment, elle aperçut une tâche bleue. En se rapprochant, Niya discerna distinctement un univers plat et bleu où l’air était humide.
- Nous y sommes, lui dit Gayamé, accroche-toi
Il piqua droit vers l’espace bleu nuit. La luminosité était sombre. Niya avait du mal à distinguer les alentours.
Gayamé et les dragons se posèrent sur une nappe d’eau sombre.
- N’aie crainte, Niya, l’endroit est sûr .Tu as pied ! lui dit-il avec un grand sourire.
Niya descendit, elle sentit l’eau tiède monter jusqu’à ses chevilles. C’était plutôt agréable. Des petites vaguelettes lui chatouillaient les pieds et Niya ne put s’empêcher de rire. Elle regarda devant et autour d’elle et ne vit qu’une étendue d’eau calme. Cependant la couleur changeait selon les endroits : un bleu aigue-marine côtoyait un bleu dragé sur les côtés, tandis que face à elle un bleu nuit se métamorphosait peu à peu en un bleu roi brillant. Ces nuances se dynamisaient en une danse monochrome et continue.
Surprise et amusée, Niya découvrait cette palette de bleus et elle partit l’explorer. Un petit dragon voletait autour d’elle, amusait par la rayonnance des effets. Plus elle avançait, plus elle s’enfonçait au point qu’elle eut de l’eau jusqu’aux genoux. Quand elle s’en rendit compte, elle regarda Gayamé qui lui souriait et entendit le petit dragon voleter en poussant de petits sons joyeux. Cela la fit rire.
Soudain l’eau se fit trouble et un tourbillon se forma devant elle. Elle sursauta et tomba les fesses dans l’eau. A son grand étonnement, elle vit le petit dragon voleter en réalisant des cabrioles dans l’air. Devant ses yeux, une sirène aux écailles argentées étincelantes fit son apparition :
- Bonjour Niya, lui dit la sirène, je m’appelle Nayahade …., je t’attendais…
- Bon…jour…, répondit d’une voix frémissante Niya. Comment saviez-vous que j’allais venir ? Jusqu’à hier, je n’envisageais pas la possibilité d’autres existences que mon monde ennuyeux.
- Cela fait très longtemps que je t’attends, ma chère Niya. Vois-tu, dans les temps anciens, ton monde et mon monde cohabitaient. Nous vivions en harmonie l’un avec l’autre. Ton peuple venait nous voir pour nous demander des conseils esthétiques que nous troquions contre des conseils pratiques, comme la création d’outils terrestres. Nous échangions beaucoup. Puis est venue la période sombre où certains des tiens ont vu leur âme noircie par le pouvoir et l’attrait des gains. Ils ne voulurent plus partager leur savoir. Certains ont même commencé à nous tuer pour nous voler nos précieuses écailles.
Nayahade frissonna…
- Nous étions démunis. L’envie et la guerre ne font pas partie de nous. Nous ne pouvons tuer et voler, c’est impossible. Voyant mon peuple disséminé, des êtres sont intervenus et ont déplacé le peu d’entre nous qui restaient sur cette zone où tu es. J’ai appris qu’après cette période sombre, votre peuple se déchira et une terrible guerre remplie de souffrance et de misère éclata. Très peu de gens survécurent. Ils décidèrent de ne plus jamais revivre cela. C’est pour cela qu’ils ont créé cette vie protectrice faite de répétition.
Niya, touchée par ces mots, ressentit une intense compassion. Spontanément, elle prit Nayahade dans ses bras. Leurs cœurs battirent à l’unisson. Une douce mélodie se fit entendre. C’était les dragons qui partageaient ce moment de grâce en unissant leur sonorité à cet élan d’Amour.
- Que puis-je faire pour toi ? demanda Niya à sa nouvelle amie
- Prend cette écaille, elle ramènera les rêves et les espoirs parmi les tiens
Sur ce Nayahade examina sa queue. Elle choisit l’écaille la plus grosse et la plus brillante qu’elle donna à Niya
- Que cette écaille t’aide à accomplir ta mission et surtout n’oublie pas, seul l’Amour peut vaincre la peur
Sur ce, elle disparut dans un tourbillon d’eau.
Niya retourna voir Gayamé, l’écaille à la main. Il lui sourit et de sa puissante voix lui dit :
- Si tu es d’accord, j’aimerais la mettre en sécurité
Niya lui tendit l’écaille qu’il avala d’un trait. Niya, surprise et incrédule, le regarda faire en ouvrant grand ses yeux. Gayamé éclata de rire
- Ne t’inquiète pas, je la mets en sécurité - En temps voulu, elle réapparaîtra toute brillante. Nous les dragons, avons un corps particulier … Un jour tu comprendras.
Niya décida de s’en remettre à lui. Une grande fatigue la submergea. A peine assise sur son dos, elle s’endormit. Gayamé et les dragons s’envolèrent vers une nouvelle destination.
Chapitre 6 : le monde de l’art
Quand Niya se réveilla, elle était dans un nouveau monde. Les dragons s’étaient posés sur une plaine verdoyante. Elle se frotta les yeux. Rien dans ce paysage ne ressemblait à ce qu’elle connaissait. Elle était comme immergée dans une fresque picturale où un pinceau avait méticuleusement tracé chaque trait et chaque touche en un mélange de teintes éclatantes. La flore était composée d’hachures émeraude et de tâches colorées. Dans un ciel pastel, des nuages azurés et rosés, projetaient des images métaphoriques. Des papillons virevoltaient en une chorégraphie complexe. Le vent murmurait des sonorités ensorcelantes. Un parfum fruité envoûtant envahit la plaine. Niya, imprégnée par tant de magnificence, déclama :
Oh nature divine, aux mille rêves embellis
Ne vois-tu pas poindre en toi la perfection divine ?
Quel secret caches-tu donc dans tes entrailles mystérieuses ?
Pour magnifier à ce point l’ordinaire en prodige.
Tous les dragons applaudirent devant tant d’éloquence. Portée par cet élan, elle s’élança dans la plaine pour exécuter une danse intuitive, rejointe par les papillons qui complétèrent ce ballet improvisé. Même le vent semblait avoir changé de mélodie, comme si des instruments s’étaient accordés pour embellir le bal. Niya s’exaltait devant tant de beauté.
Après avoir longuement tournoyée, elle s’écroula dans l’herbe fraîche aux teintes lumineuses. Son regard croisa une fleur à la carnation particulière. En la contemplant plus attentivement, elle s’aperçut que la fleur était composée de plusieurs nuances dorées et rosées. Sa tige colorée d’innombrables verts chatoyants ondulait au rythme du vent. Instinctivement, elle tendit ses mains vers la fleur. Une forte énergie en jaillit. La fleur se déracina pour atterrir dans ses mains. Niya, l’air hagard, la bouche et les yeux grands ouverts, se retourna vers Gayamé en soutenant la fleur dans ses mains.
- Je ne comprends pas ce qu’il s’est passé. J’étais si exaltée sous cet amas de beauté. J’ai senti cette fleur m’appeler. Je ne sais pas pourquoi j’ai tendu mes mains vers elle… Regarde Gayamé, Niya tremblait, apeurée
- Ne crains rien Niya, cette fleur s’est donnée à toi – c’est un cadeau de ce monde pour ton monde – puis je la mettre avec l’écaille ?
- Ô me voilà rassuré – bien sur Gayamé, mais avant, puis je la remercier ?
- Oui bien sûr
Niya se pencha sur la fleur et lui murmura d’une voix douce et émue « Merci ». Puis elle donna la fleur à Gayamé qui l’avala.
- Bien, quittons ce lieu luxuriant pour poursuivre notre périple.
Niya, remplie par tant de magnificence, grimpa sur le dos de Gayamé. Accompagnés par leurs compagnons dragons, ils volèrent vers un nouveau monde.
Chapitre 7 – le monde du burlesque
Quand ils arrivèrent dans le nouveau monde, Niya s’esclaffa sans comprendre. Elle avait une irrésistible envie de rire et ne s’en cachait pas : ce qu’elle voyait était tellement loufoque… Même les dragons riaient (ce qu’elle n’avait encore jamais vu). Ceci redoubla son hilarité.
Lorsque Gayamé atterrit, le sol glissant l’obligea à faire une pirouette qui fit s’esclaffer le groupe. Les êtres de ce monde étaient si grotesques et burlesques que tous riaient aux éclats. Et plus ils riaient, plus les êtres accentuaient leur démarche en faisant un clin d’œil ou un grand sourire pour montrer leur accord et leur sympathie.
Un grand être rond, complètement désarticulé avec un nez de clown, tenant un tout petit ballon, vint vers eux. Il aspira dans le ballon, ce qui lui donna une voix enfantine très aiguë - Niya et le groupe de dragon, surpris, pouffèrent de rire devant ce décalage.
- Bienvenue à vous mes amis, je m’appelle Chowwww …. Kakao …. (sa voix montait et descendait comme pour annoncer un spectacle). Vous voici dans l’univers du rire et du burlesque – Ici tout est joie, amusement et surtout bidonnage….
Et il éclata d’un rire fort qui se termina dans un meuglement. Niya se tenait les côtes tellement elle riait.
Gayamé lui proposa de faire une pause et de se recentrer car il fallait qu’elle reprenne sa respiration. Elle se cala à lui, dans la douceur de ses poils et se sentit apaisée. Elle avait le sourire mais ne se sentait plus asphyxiée par le rire.
- Fais attention – parfois le rire peut tuer – pense à bien respirer surtout si le rire dure.
- Oui merci Gayamé – c’est très agréable de rire mais je n’ai pas envie d’en mourir, quand même !!!
Chowwww….Kakao leur fit une petite visite du lieu. Ils croisèrent les habitants qui plaisantaient et se racontaient des blagues. Des animaux domestiques avaient des habits. Certains même avaient une cravate. La vision de ces animaux habillés en tenue humaine sérieuse produisait un décalage cocasse et burlesque. Quand ils se croisaient, les animaux se mettaient sur deux pattes et dansaient une gigue endiablée en éxagérant leurs mouvements. Niya riait tellement qu’elle en eut le hoquet. Elle se recala dans la douceur du corps de Gayamé pour se calmer. Ils visitèrent des habitations biscornues où l’on pouvait y lire des histoires drôles et absurdes ; où les portes s’ouvraient sous un pouète désopilant .Tous les habitants semblaient s’amuser. Rien n’était pris au sérieux.
- Etes-vous heureux ? demanda Niya à son hôte
- Bien sûr, quelle drôle de question
- Vous ne prenez jamais rien au sérieux ?
Chowwww….Kakao la dévisagea déconcerté
- Bien sûr que non, quelle question ! nous vivons comme ça et nous sommes bien content « poil aux dents » - Viens je t’emmène voir notre grand sage – le premier arrivé a gagné
Il se mit soudainement à courir très vite tout en rigolant.
Niya peina à le suivre car l’herbe lui chatouillait les pieds, ce qui la fit rire. Elle dut plusieurs fois s’arrêter pour reprendre son souffle.
Ils arrivèrent devant une salle ronde au toit pointu, encerclé de piquets et de tissus colorés. Un homme se tenait sur une scène, une banane pouète pouète à la main – par terre des êtres de toutes tailles, de toutes formes et de toutes espèces l’écoutaient.
- Mes très chers chers amiiiiiiiiis (voix qui monte), nous voici au sommet de notre êtrrrre - te - té (voix qui descend) – héhéhé (il gloussait) - et nous sommes prêt enfin pouuuuuuur ……. faire la nouuuuuuubaaaaaaaaaa !!!! Youhou !!!!
Tout en déclamant son texte, il enleva son pantalon à scratch, se retrouvant en slip fluo, chaussettes multicolores et une chemise hawaïenne trop courte, tout en se dandinant. Niya pleurait de rire. Le public, en liesse, brailla en un rythme frénétique des cris d’animaux, tout en tapant dans les mains, les cuisses, le ventre en un mouvement entraînant. Niya les rejoint et cela lui procura un grand bien être. Quand la danse fut finit, elle remercia chaleureusement Showwww….Kakao
- Voilà une fillette qui semble plus en joie maintenant – Pour te souvenir de ton passage ici et te rappeler que le monde a besoin de joies et de rire je te donneeeeeeee….
Et brusquement il attrapa la banane pouéte pouète et la donna à Niya, tout en s’esclaffant de son rire désopilant qu’il communiqua au groupe. Niya la transmit à Gayamé et fit un baiser bruyant en forme de prout à Showww… Kakao
- Merci Showww.… kakao, je ne suis pas prête d’oublier ces moments désopilants
Elle grimpa sur le dos de Gayamé et ils partirent accompagnés des autres dragons
Chapitre 8 : le monde de l’innovation
Cette escapade avait rendu Niya facétieuse. Souriante, elle dit à Gayamé :
- Tu sais, Gayamé, je n’ai pas un seul souvenir aussi amusant que ce que je viens de vivre. D’ailleurs, si j’y pense, il ne me semble pas m’être un jour amusée ...
Cela la laissa pensive. Gayamé respecta ce silence et continua la traversée sans mot dire. Comme à son habitude, Gayamé piqua droit en arrivant dans le nouveau monde. Cependant, perdue dans ses pensées, Niya surprise par ce changement brutal et inopiné, dû s’accrocher fortement à sa crinière pour ne pas tomber.
- Bienvenue dans le moment présent, dit Gayamé en riant….
Quand il atterrit, Niya s’exclama éblouie :
- Oh quel est cet endroit incroyable, Gayamé ? je n’ai jamais rien vu de tel de toute ma vie
- Bienvenue dans le monde de l’innovation, chère Niya.
Niya, fascinée par ce nouveau monde, scrutait le paysage autour d’elle. Gayamé avait atterri sur une place en hauteur, ce qui lui permit d’admirer le panorama. Elle reconnut en face d’elle une ville avec des immeubles, des places, des rues et des passerelles sur plusieurs étages qui les reliaient les uns aux autres. Elle distingua aussi des engins volants qui planaient sans bruit. Elle constata qu’il régnait un silence agréable et une température ambiante plaisante. Tous les dragons se promenaient en voletant dans les airs. Seul Gayamé resta avec Niya.
- On se croirait dans le futur… Il y a d’innombrables objets volants, dit-elle en en montrant un qui passait devant elle. Il ressemblait à une libellule en métal. Mais où sont les habitants ?
- Cet objet te permet de communiquer avec qui tu veux.
- Ah bon ? cela est possible ?
- Essaye, tu verras – lui répondit Gayamé en lui faisant un clin d’œil.
Niya se pencha vers la libellule en métal. Une antenne sortie de l’appareil et une jolie voix féminine demanda
- Bonjour, qui désirez-vous appeler ?
- Bonjour, je m’appelle Niya et j’aimerais rencontrer un habitant de ce monde qui me fasse visiter votre monde si extraordinaire. Est-ce possible ?
- Bien sûr – je vais vérifier qui est disponible…..
- Oh ben ça alors ….
- Alors… Nous avons Ouna, elle est Acréacultrice : une ingénieure créatrice qui est en charge de toute l’innovation agricole. Puis, nous avons Tchoum’ba, Outilopratique : il invente de nouveaux outils pratiques qui améliore le quotidien. Enfin, nous avons Oïyibali, vérifiologue : il vérifie auprès des habitants que les innovations soient pratiques, fonctionnelles et ingénues. Lequel souhaitez-vous rencontrer ?
En même temps qu’était énumérés les noms des personnes, une image en 3D holographique de chaque individu était projetée. Ils portaient tous des combinaisons colorées. Ils semblaient tous sereins et souriants.
- Hum, dit Niya, je ne sais pas qui choisir… Une idée, Gayamé ?
- Pourquoi pas les trois ? lui répondit-il avec un grand sourire.
- Mais oui bonne idée, est-ce possible ?
- Bien sûr, je leur fait part de votre demande, répondit la libellule en métal
Tous les dragons rejoignirent Niya et Gayamé. Ils paraissaient très excités. Mais avant que Niya puisse leur poser des questions, un petit vaisseau rond atterrit à côté d’eux. Il fut suivit d’une femme en combinaison verte émeraude, arrivant sur une sorte de trottinette à propulsion, sans roulette. Enfin, un jeune homme se dirigea tranquillement vers eux à l’aide de sa combinaison aérienne. Il avait comme des ailes et de botte d’où jaillissait une nuée bleutée.
Ils avaient tous le sourire. Ils mirent leur main sur leur cœur, puis levèrent leur paume vers Niya et Gayamé en signe de bienvenue.
- Bonjour, je suis Niya. Voici mon ami Gayamé et nos compagnons dragons. Nous venons d’un autre monde. Je vous avoue que j’admire énormément votre monde et toutes vos créations. J’aurais aimé en connaître un peu plus, si cela est possible.
- Bonjour, je suis Ouna. Je suis très heureuse de répondre à tes questions. Je suis acréacultrice : je crée et j’invente toute sorte d’ingénierie alimentaire. Nous avons inventé des espaces habitables où les individus et la nature cohabitent paisiblement. Dans tous les espaces fermés, il y a un endroit où poussent des plantes comestibles et des épices nécessaires au développement de l’être humain. Bien sûr, en dehors des villes, nous avons aussi de grands champs cultivables, avec des arbres fruitiers centenaires et de grands plans de légumes. Nous étudions constamment leur développement. Cela nous aide à innover. Ainsi, nous avons constaté que plus les plantes recevaient d’amour, mieux elles poussaient. Certains d’entre nous passent leurs journées à parler et chérir chaque plante. C’est une mission très importante. Des musiciens ont créé des symphonies spéciales pour accroître leur croissance de manière plus harmonieuse. Chacun ici est responsable du bon développement de l’agriculture, car sans aliment, nous ne pouvons vivre et être en bonne santé. Chez nous, nous cultivons nos propres aliments et épices indispensables. Ils sont nécessaires à notre propre développement. Nous avons aussi constaté que chaque être vivant a un développement qui lui est propre. Chacun a donc chez lui des plantes qui lui sont personnellement destinées.
Tout en détaillant les innovations, Ouna sortit un petit écran qui illustrait ses explications. Niya demeurait pensive : était-ce possible de considérer les plantes au même titre que les êtres humains ? Que mangeaient-ils ? Pourquoi ne voyait-elle pas d’animaux ? Ouna lui sourit.
- Tu sais, nous entendons très bien les pensées ici … (elle lui fit un clin d’œil). Je vais répondre à tes questions : les animaux vivent tous en harmonie et en liberté au milieu de la nature. Nous pouvons les voir quand nous le souhaitons. Ils sont très pacifiques. Ils se nourrissent essentiellement de baies et de plantes qui sont à leur disposition.
Tout en parlant, elle montra sur son écran des animaux vivant paisiblement les uns à côté des autres. Des enfants jouaient autour d’eux et les cajolaient.
- En étant près d’eux, les enfants apprennent à observer la nature dans la joie. Ils en comprennent son importance. Ils repèrent aussi les plantes comestibles, ce qui nous permet d’en étudier les vertus. Nous nous nourrissons exclusivement de légumes, fruits, plantes et épices. Le reste nous alourdit et nous rend malade. Nous considérons les plantes comme égales à nous. Nous leur sommes reconnaissants, car c’est grâce à elles que nous sommes vivants. Toutes les découvertes sont notées dans un enregistreur qui est consigné dans un ordinateur commun à tous. Ainsi, chaque personne qui le souhaite y a accès. Il peut aussi y ajouter ses observations, ses réflexions, utiles à de nouvelles créations.
Ouna lui montra son enregistreur : un bracelet noir composé d’un grand oval brillant bleu turquoise, avec en son centre un bouton blanc.
- C’est vraiment incroyable ! Merci pour toutes ces informations.
Ouna sourit. Son regard s’emplit de bienveillance. Spontanément, Niya mit sa main sur son cœur et lui tendit la paume face à elle. Ouna posa délicatement sa paume contre celle de Niya. Le cœur de Niya se mit à battre. Elle ressentit en elle un puissant élan d’amour. Ouna lui dit :
- Je dois y aller, mais avant de partir, laisse-moi t’offrir quelque chose.
Ouna posa son front sur celui de Niya. Instantanément, d’innombrables informations vinrent à elle. Elle comprit que c’était toutes les caractéristiques et vertues de chaque plante qui s’accumulaient dans sa mémoire. Elle visualisa spontanément chaque plante en 3d avec toutes les particularités et potentialités. Toute cette connaissance était impressionnante. Quel cadeau !
Ouna monta dans son vaisseau faisant le signe de la main en guise d’au revoir à ses amis.
Un homme longiligne, à la combinaison bleu pétrole ajustée à son corps, se présenta devant Niya. Il lui fit le signe de bienvenue. Niya lui répondit : leurs paumes se touchèrent. Niya sentit une grande confiance l’envahir, ainsi qu’un grand sentiment de fonctionnalité.
- Bonjour, je suis Tchoum’ba, un outilopratique. J’’invente des outils qui améliorent le quotidien. J’ai aussi reçu ton appel. C’est un grand honneur de te renseigner. Je vais te montrer nos créations qui améliorent la vie quotidienne des habitants. Nous avons tout d’abord construit un très grand nombre d’habitations suffisamment spacieuses et insonorisées où la température ambiante est adaptée à chaque individu. Chaque habitant est libre de s’installer dans l’habitacle qui lui convient. Il peut partir quand il le souhaite. Nous en avons suffisamment. De nombreuses habitations sont inoccupées ou utilisées pour nos recherches. Pour cela, nous avons créé de nombreuses passerelles. Elles relient les logements entre eux et elles se situent tous sur des étages. En bas, de grandes pièces collectives permettent aux habitants de se retrouver pour faire des activités ensemble.
Nous avons aussi plusieurs sortes de véhicules, comme celui d’Ouna, ou le mien qui fonctionne à l’énergie bleue. Nous avons des ingénieurs qui étudient régulièrement les énergies libres afin de les parfaire ou d’inventer de nouvelles technologies. Nous travaillons aussi sur les combinaisons : elles nous servent de vêtements reconnaissables selon nos spécificités. Elles peuvent aussi permettre de nous déplacer dans les airs si nécessaire. Tu l’as d’ailleurs constaté avec la combinaison d’Oïyibali. Chacun est libre d’agir comme il le veut, selon ses envies. Nous vivons en harmonie les uns avec les autres. Chacun a sa place dans ce monde.
Il sortit un petit écran. Niya visualisa l’intérieur d’une habitation : c’était un vaste logement où logeait un couple avec deux enfants. La pièce centrale, en forme de dôme, était encerclée de panneaux vitrés. Tchoum’Ba zooma. Niya aperçut un potager. Un système d’irrigation très sophistiqué et discret se mit en marche. Dans la pièce d’à côté, le père préparait un met culinaire composé de légumes et d’épices. Après avoir humé le plat, il rajouta un aromate jaune. Il semblait extrêmement concentré. Tchoum’Ba lui montra une nouvelle pièce sombre et douillette. Des lits particulièrement amples trônaient au centre de la pièce. Leur structure semblait adaptée à la morphologie des habitants. De chaudes couvertures, de nombreux coussins et plaids créaient une ambiance sécurisante propice au repos. Puis, il lui présenta un nouvel espace à la luminosité tamisée, avec de grands fauteuils moelleux et relaxant. Une femme semblait s’y détendre, absorbée dans un magazine. Tchoum’Ba agrandit l’image : la femme lisait un roman sur la psychologie.
- Nous avons des revues qui sont écrites de manière romanesque afin de faciliter l’apprentissage. Cette femme ressent le besoin de se spécialiser dans la psychologie pour accompagner les personnes dans le besoin. C’est une tâche très noble et complexe qui nécessite d’importantes connaissances. Elle a fait sa demande et a reçu les revues directement chez elle. Dès qu’elle a des questions, elle peut interpeller des spécialistes grâce au bracelet holographique.
En effet, Niya la vit appuyer sur son bracelet. Une image holographique fit apparaître un homme en combinaison orange. Il s’entretient avec la femme. Concentrée, elle hochait régulièrement la tête.
Tchoum’Ba lui dévoila une nouvelle pièce, parsemée de tuyaux et d’alambiques. Un jeune garçon en blouse blanche avec de grandes lunettes et des gants manipulait un produit rose. Elle le vit appuyer sur son bracelet puis, dicter une formule.
- L’enfant que tu vois est très intéressé par les sciences. Il a demandé à se spécialiser dans ce domaine. Nous lui avons créé cet espace afin qu’il puisse explorer pleinement sa passion. Il est régulièrement en contact avec des spécialistes. Tous les jours, il se rend dans une des pièces collectives pour comparer ses expériences. Cela est très riche pour notre communauté.
- Il ne va pas à l’école ?
- L’école, c’est la vie - dit Tchoum’ba avec un sourire. Les enfants savent très vite vers quoi ils se sentent attirés. Nous leur créons une pièce spécifique avec tout le matériel dont ils ont besoin. Ils sont aussi en contact permanent avec des adultes experts. Tous les jours, ils se rendent dans une pièce collective, pour échanger et comparer leurs observations et expériences. De toute manière, chacun est libre de choisir sa spécialité et peut en changer quand il le souhaite. Tu l’as constaté avec la femme.
Niya continua de regarder l’écran. Elle vit une autre pièce. Une très jeune fille en combinaison multicolore peignait sur un mur semblable à une très grande toile. Niya la voyait peindre avec un pinceau et ses doigts. Une mélodie puissante emplit progressivement la pièce en synchronicité parfaite avec l’évolution de l’œuvre. La fillette semblait absorbée par sa création. Sous les yeux de Niya, l’oeuvre se métamorphosa en un paysage majestueux et énigmatique. La petite fille prit un stylo. Elle se mit à écrire frénétiquement sur la toile, des mots qui, assemblés, formèrent un poème initiatique. Niya contempla tout cela avec admiration.
- La jeune fille est très considérée dans notre monde. Son art nous connecte directement au divin. Quand elle sera finie, cette toile sera partagée avec tous les habitants, pour que tous profitent de ce cadeau.
- Tout cela est tellement incroyable, dit Niya admirative
Le bracelet de Tchoum’ba se mit à clignoter.
- On m’appelle. Quelqu’un a besoin de moi. Je dois te laisser. Je suis vraiment très heureux de t’avoir rencontrée et d’avoir partagé un peu ce monde. Mais avant de partir laisse-moi t’offrir ceci : il lui donna un stylet blanc avec un bouton bleu sur le bout. Ce stylet soigne. Si tu te blesses, passe le bout arrondi dessus en cliquant sur le bouton. Ta blessure s’apaisera et guérira.
- Merci beaucoup
Il lui fit le signe de la main, puis repartit sur sa trottinette aérienne. Nyia le regarda s’éloigner.
Un jeune homme, du même âge que Niya, s’approcha. Il lui fit le signe de la main. Quand leurs paumes se touchèrent, elle ressentit un authentique sentiment d’empathie et de compassion.
- Bonjour, je suis Oïyibali, vérifiologue Je suis chargé de vérifier que tout est adéquat pour la population et les innovations. Je suis vraiment enchanté de te connaître. Vois-tu, il est indispensable que chacun soit à l’aise dans cette ville. Nous sommes donc plusieurs à évaluer les dispositifs, afin qu’ils fonctionnent correctement. Au moindre soupçon, les habitants nous contactent grâce au bracelet. Le vérifiologue le plus proche se déplace immédiatement. Nous sommes constamment en lien avec des experts qui nous aiguillent ou interviennent directement. L’observation, l’analyse, la vigilance, ainsi que l’empathie sont des qualités indispensables à cette mission. J’ai cette faculté me permettant d’entrevoir spontanément les dissonances où que je sois. Promptement, j’’analyse instinctivement le contexte et la problématique. Ceci me permet d’évaluer si je peux intervenir ou s’il faut appeler un expert. J’enregistre toujours toutes les données et caractéristiques du problème. Cela donne à l’expert une vision globale, ce qui l’aide à trouver la meilleure solution. Regarde :
Il appuya sur l’écran. Nyia vit une grande place avec, en son centre, une fontaine. Des individus se promenaient tout en discutant. Nyia observa attentivement. Elle ne perçut ni dysfonctionnement, ni mal-être dans cette scène. Au contraire, les habitants semblaient plutôt sereins et détendus. Gayamé, très attentif à la scène, cligna des yeux. Il semblait avoir compris le problème. Oïyibali zooma sur l’écran. Niya vit quelques gouttes tomber en dehors de la fontaine. Elle examinant scrupuleusement et vit une toute petite flaque d’eau à côté de la fontaine.
- Vois-tu cette petite flaque d’eau ? Cela montre qu’il y a un problème avec la fontaine. Pour l’instant, elle est petite car cela vient de se produire. Mais elle va bientôt croître de plus en plus. Les gens peuvent glisser et se faire mal. L’eau ne doit pas surtout pas sortir de la fontaine. Cet élément précieux est indispensable à notre survie. En zoomant, j’ai pu constater une petite fissure dans la fontaine qui doit être impérativement colmatée. J’ai donc appelé un expert. Il est venu de suite et comme il avait reçu la vidéo, il a apporté le matériel nécessaire pour faire la réparation. Cependant, maintenant nous nous demandons pourquoi la fontaine s’est fissurée. Une assemblée est prévue et tous ceux qui le souhaitent peuvent participer pour aider à trouver des solutions. Elle va d’ailleurs avoir lieu présentement. As-tu d’autres questions ?
- Oui, vous avez l’air tous très épanouis. Comment l’expliques-tu ?
- Nous ne faisons que ce que nous aimons. Nous travaillons les uns avec les autres dans un seul et même but : l’Harmonie, qu’elle soit individuelle ou collective. Dès que quelque chose ne va pas, nous pouvons toujours solliciter un expert. Nous respectons chaque chose, chaque être. Nous réfléchissons constamment à nous améliorer et à faire évoluer la ville. Chacun être vivant dans ce monde est unique et essentiel. Notre équilibre se situe dans l’harmonie et la diversité de chacun.
- Merci infiniment pour toutes ses explications.
- Merci à toi d’être venue à nous, de t’intéresser à notre monde. L’observation est une clef qui permet d’ouvrir bien des portes.
Il lui fit le signe et déploya les ailes de sa combinaison pour se diriger vers une passerelle.
- Quel monde fabuleux ! dit Nyia
- Oui, mais maintenant il est temps de partir - répondit Gayamé
- Attend, je te donne le stylet de Tchoum’ba
Gayamé l’avala et Nyia monta sur son dos. Tous les autres dragons s’envolèrent avec eux.
Chapitre 9 le monde de l’imaginaire
Tous les dragons semblaient particulièrement émoustillés. Même Gayamé, d’habitude impassible, semblait tout excité.
- Que se passe-t-il, Gayamé ? Je vous sens tous en effervescence.
- En effet Nyia, nous allons dans un endroit plutôt particulier…
- Où allons-nous ?
- Dans le monde de l’imaginaire.
Tout en parlant, Gayamé piqua droit vers le nouveau monde. Les dragons le suivaient de près. Ils arrivèrent dans une très grande forêt où l’air était rempli de paillettes dorées. Les arbres étaient majestueux aux couleurs chatoyantes et brillantes. Ils semblaient communiquer entre eux. Niya sentait la magie tout autour d’elle. Quand Gayamé se posa, il s’inclina devant un arbre imposant.
- Bonjour Gayamé, content de te revoir parmi les tiens.
- Qui parle ? demanda Niya à l’oreille de Gayamé
- C’est le grand sage Albame, gardien de ce lieu. Il est juste devant toi.
Niya regarda devant elle. Elle vit un arbre impressionnant. Il avait un air souverain et noble, presque sacré. Elle lui fit une révérence. Sous ses yeux, l’arbre s’inclina.
- Bienvenue à toi, belle demoiselle. Nous sommes honorés de ta présence. De nombreux êtres aimeraient te connaître. Serais-tu d’accord pour les rencontrer ?
- Oh, ce serait un très grand honneur pour moi.
Brusquement, un frémissement se fit entendre. De nombreux êtres apparurent autour d’eux. Les dragons étaient joyeux, comme s’ils retrouvaient leur famille après un long temps d’absence. Souriante, Niya ressentait l’émotion et le ravissement de ces retrouvailles. Un petit être ailé étincelant vint à elle :
- Bonjour Niya, je suis Ayline, une petite fée. Je suis tellement heureuse de te retrouver. Tu m’as tellement manquée.
Elle sauta au cou de Niya. Niya la regarda bouche bée. Avait-elle bien entendu ? Pourquoi la petite fée lui disait-elle cela ? Devant son air ahuri, tous les êtres rigolèrent. Gayamé lui dit en souriant :
- Oui, tu as bien entendu, ma chère Niya. Ayline est ta petite fée attitrée. Elle est liée à toi depuis la nuit des temps. Mais dans ton monde, les êtres comme nous n’ont pas de place. Ils ne sont pas bienvenus car ils perturberaient l’ordre des choses. Nous avons dû faire un effort titanesque pour te contacter. Chaque personne, qui existe dans ton monde, a son être féérique dans le monde de l’imaginaire. Nous essayons constamment de rentrer en contact avec vous, mais la manipulation et l’obscurantisme sont tels que nous n’y arrivons pas. Tu es la seule à nous avoir ouvert ton cœur. Pour cela, nous t’en remercions infiniment.
Sur ces paroles, tous les êtres du monde imaginaire s’inclinèrent respectueusement.
Niya était très émue, voire gênée par ce qu’il se passait. Elle se sentait si petite par rapport à tous ces êtres extraordinaires. Elle se sentait si chanceuse de connaître tout cela…. Ayline voleta autour d’elle en la chatouillant. Cela la fit rire et l’ambiance devint plus légère.
Un cheval multicolore avec des ailes et une corne s’approcha de Niya. Elle sentit une vague d’amour la submerger. Puis vint un lutin farceur, puis un oiseau majestueux au chant ensorcelant, puis une nymphe à la beauté fascinante. Un phœnix se posa devant elle. Un centaure la rejoignit, ainsi que de nombreux autres êtres féeriques. Ils l’entourèrent. Elle sentit alors une force très puissante monter en elle, comme si toute l’énergie de ce monde la pénétrait. Cela fut si intense qu’elle se mit à vibrer. Une lumière blanche émana autour d’elle. Tous les êtres poussèrent des cris de joie. Ils fredonnèrent un chant unifié s’élevant progressivement vers une haute fréquence. La forêt entière vibra. Les paillettes scintillèrent et tourbillonnèrent.
- Que c’est beau ! dit Niya
- Maintenant, te voilà rechargée et unifiée. Nous allons pouvoir partir dans le dernier monde, lui dit Gayamé. Celui-là est très particulier. Il va te falloir beaucoup de courage et d’aide pour l’affronter. Es-tu prête ?
- Oui je le suis.
- Moi aussi, dit une petite voix. C’était Ayline qui voletait autour de Niya.
- Maintenant que je t’ai retrouvée, il est hors de question que je te laisse partir ! Là où tu vas, nous allons tous !
Niya regarda Gayamé hocher la tête.
- D’accord, dit Niya, allons affronter ce nouveau monde. Comme Gayamé me l’a dit, nous avons besoin d’aide, alors …
Gayamé et les dragons dirent au revoir à tous leurs amis.
Tous sentaient que le dernier monde serait rempli de périples. Ils n’étaient pas sûrs d’en revenir vivant. Mais qu’importe ! Leur destinée était bien là, dans cette aventure.
Ils partirent.
Chapitre 10 - le monde des cauchemars
Niya sentit imédiatement que ce monde était différent des autres : une extrême lourdeur envahit l’atmosphère, à un tel point que les dragons peinaient à voler. L’air devint si pesant que Gayamé décida de se poser dans une plaine. Tout était désolation et noirceur, comme si un incendie avait ravagé le lieu. La vie semblait avoir disparue de ce monde. Le sol était recouvert de sable gris cendré, de troncs gris coupés sans branches ni feuillages. L’air était suffocant et écrasant. Une odeur de soufre emplissait les poumons. Ayline toussa
- Ça va ? lui demanda Niya
- Pas trop. Si cela ne te dérange pas, je vais me caler derrière ton oreille pour me protéger. L’air est vraiment putride.
- N’y a-t-il personne dans ce monde ? demanda Niya à Gayamé
- Si, malheureusement… Il y a beaucoup beaucoup beaucoup de gens. La plupart sont regroupés dans une grosse métropole obscure et malsaine. C’est à cet endroit où nous devons nous rendre. Quelques barbares cruels sont aussi éparpillés dans les plaines. Ils sont sans foi ni loi, ils ne respectent rien et sont extrêmement cruels. D’ailleurs, je ne serais pas surpris d’en croiser avant notre arrivée dans la grosse ville. Il faudra se montrer particulièrement vigilant face à ses êtres vils et violents. D’autant plus que, à cause de l’apesanteur, nous sommes obligés de continuer d’avancer sur le sol. Nous sommes donc plus vulnérables face à des autochtones hostiles.
- Mais pourquoi venir dans ce monde ? Comment s’appelle ce monde ?
- Le monde des cauchemars et…. c’est ton ancien monde ! A cause de ce monde le tien est devenu aseptisé et prévisible. Il te faut affronter l’histoire de ton peuple pour le guérir et ouvrir le champ des possibles. N’oublie pas, tu n’es pas seule. La force et l’amour se sont réveillés en toi. Ne te mésestime pas.
Sur ses mots, Gayamé et les dragons marchèrent, sauf un des dragon qui continuait de voler pour surveiller la plaine. Soudain, ils entendirent un bruit strident. Ils s’arrêtèrent aussitôt. Le dragon qui volait reçut une flèche en plein cœur et tomba. Tous se figèrent. Niya voulut prendre le stylet soigneur, mais Gayamé l’arrêta.
- Il est trop tard, dit-il désolé
Ils entamèrent un chant sacré et le corps du dragon se désintégra.
- Soyons vigilants. Que notre ami ne soit pas mort pour rien !
Ils se regroupèrent pour ne former qu’un autour Gayamé avec Niya sur son dos.
- Nous allons devoir utiliser notre magie pour pouvoir rencontrer le souverain tyranique. Ces vandales ne respectent rien. D’ailleurs, les voilà…
Une horde de barbares au visage noir sanguinolent arriva surdes chevaux hargneux. Ils poussaient des cris stridents. Ils avaient des arcs et des hâches à la main.
- Que font-ils ? demanda Niya, horrifiée
- La guerre !
Un dragon se déploya dans son immensité. Il était colossal et énorme. Il se mit à pousser un cri profondément caverneux. Il cracha du feu. Les chevaux se cabrèrent. De nombreux de guerriers chutèrent de leur cheval. Ceux qui restaient étaient paniqués. Ils rebroussèrent chemin en poussant des cris horrifiés.
- Profitons de la panique pour avancer, dit Gayamé.
Ils avancèrent ensemble dans un silence monacal. Ils gravirent une montagne rocailleuse et croisèrent de grosses araignées poilues, des serpents venimeux, ainsi que des scorpions qui tentèrent de les piquer à de multiples reprises. Ils poursuivirent sur un chemin parsemé de branches coupantes, de petits cailloux pointus, d’épines et de ronces. Ils arrivèrent enfin face à une ville. Des immeubles crasseux et macabres formaient une muraille tenant l’allure d’une forteresse protégeant son royaume.
Des cris et des coups de feu retentirent. L’air était irrespirable. Une pollution gluante leur collait à la peau. Ils voyaient cette fumée grise et opaque s’échappant d’usines du centre de la ville. Des chiens hurlaient sous les coups de leur maître. Des voix issues de petits appareils volants, scandaient des slogans alarmistes, censés protéger la population. En observant attentivement, Niya vit que la végétation autour des immeubles était artificielle. Il n’y avait plus de nature vivante, seulement du plastique à l’odeur chimique.
- Quel est ce monde où tout est faux et désolation ? Même la nature n’existe plus. Je n’entends que violence et cris ! se lamenta Niya.
- Nous arrivons dans le nerf de la guerre, comme ils le disent. Nous sommes en plein cœur du système. Je vais te demander quelque chose de spécial pour te protéger. Tu es tellement pure et lumineuse, tu te ferais de suite remarquer dans cette ville cruelle et effrayante. Tu ne peux entrer dans la ville tout en étant visible. Aussi je vais te demander … de rentrer en moi!
Sur ces mots, il ouvrit sa grande gueule. Niya ne bougea pas. Elle ne comprenait pas ce qu’elle devait faire. Elle resta figée devant Gayamé qui avait la gueule grande ouverte. Ayline sentait le désarroi de son amie, aussi elle l’encouragea à rentrer dans le dragon.
- C’est un être magique, tu sais… Il n’est pas fait comme toi. Son estomac est très spécial, c’est même assez amusant. J’ai déjà entendu un ami d’un ami d’un ami qui avait été dans l’estomac d’un dragon. Apparemment, c’est une expérience extraordinaire et unique. C’est vraiment une chance de pouvoir vivre cela…
La fébrilité d’Ayline amusa beaucoup Niya. Elle se détendit et rentra à quatre pattes dans la gueule de Gayamé. La pénombre et l’humidité la firent frissonner, mais très vite des petites loupiotes scintillèrent autour d’elle jusqu’à ce qu’apparaisse un vaste espace clair, agréable et douillet. Elle y retrouva tous ses cadeaux et s’empressa de les montrer à Ayline. Des bruits lointains et confus se firent entendre. Niya et Ayline étaient apaisées, rassurées par cette bulle sécurisante. Niya en profita pour raconter son aventure. Le temps passa agréablement quand elles sentirent Gayamé s’immobiliser. Un souffle d’air frais les fit frissonner. Elles distinguèrent au loin de la lumière comme si Gayamé avait ouvert sa gueule. Elles entreprirent de sortir de Gayamé, puis se retrouvèrent dans une salle noire et opaque.
S’habituant à l’obscurité, elles constatèrent la présence de seulement deux autres dragons et Gayamé.
- Où est le reste de la troupe ? Gayamé, que s’est-il passé ? Demanda Niya, inquiète...
- Nous avons dû combattre face à ces hordes de barbares criminels. Le mage maléfique a formulé des incantations de magie noire satanique. Une partie de notre troupe a dû se sacrifier pour que l’on puisse atteindre ce lieu. Nous n’avons pu faire le chant sacré car il était urgent de se sortir de cet espace de guerre. Cela est vraiment fâcheux. Il ne faudrait pas que des êtres maléfiques déchiquettent et découpent les dragons afin de créer une magie surpuissante, dit Gayamé, soucieux...
- Faisons-le maintenant ! dit Niya.
Ils entamèrent alors le chant sacré. Les dragons morts se désintégrèrent spontanément. Tout en psalmodiant, ils se rassemblèrent en se reconnectant à leur force vitale.
- Allons-y, dit Niya, je suis prête à affronter le maître des lieux.
Ils avancèrent, imperturbables face à l’ambiance empestée et gluante qui les entourait. Niya percevait de temps en temps des silhouettes tremblantes, mais ne s’en préoccupa point. Concentrée sur sa quête, elle sentait bouillonner en elle le courage et la force.
Au bout d’un certain temps, ils arrivèrent devant une très grande salle à la luminosité aveuglante, ornée d’immenses tapisseries, de tableaux indécents et avilissants. Au centre de la pièce se trouvait une lourde table en chêne remplies de viandes sanguinolentes, de gras et de boissons épaisses et sombres. Une ambiance particulièrement malsaine persistait. Un petit homme gras et hideux fit son apparition dans la pièce. Il se goinfra de nourritures avec ses doigts boursoufflés. D’autres êtres particulièrement pernicieux et dépravés le rejoignirent. Leurs chairs opulentes et flasques débordaient de leurs courtes tenues de cuir. Cachés sous des masques libidineux, ils jacassaient et gloussaient avec force. Ils s’assirent tous autour de la grande table. De très jeunes serviteurs apeurés remplissaient des verres avec un liquide rouge brunâtre et des assiettes avec une viande à l’odeur putride. Cela ressemblait à une scène profane et obscène. Ces être corrompus étaient tous fascinés, envoutés. Absorbés par leur perversion et vices, ils se contaminaient dans leurs dépravations et leurs extrêmes perversités.
Niya assista à la scène avec dégoût. Plusieurs sentiments la traversèrent simultanément : l’écœurement, mais aussi l’impuissance et l’inutilité de se sentir invisible aux yeux de ces êtres immondes. Un très profond désespoir la submergea. Ayline voleta à côté d’elle, sans que Niya ne puisse la voire, car elle était hypnotisée par ce spectacle dégradant. Comment des êtres pouvaient-ils faire cela ? Et pourquoi ne la voyaient-ils pas ? Gayamé se rapprocha d’elle et lui dit doucement :
- Ne te laisse pas anéantir. Ces êtres sont vicieux, indécents et malsains. Tu es bien plus puissante qu’eux. Reconnecte-toi à l’Amour.
Ces mots adoucirent Niya. Cela réactiva sa confiance et l’amour en elle. Une puissante synergie de force et d’amour la traversa et s’expansa. Son rayonnement ne cessait de s’amplifier jusqu’à ce qu’une lumière se diffuse autour d’elle et que celle-ci irradie la salle.
Les êtres s’immobilisèrent. Ils se figèrent tels des statues. Un silence pesant se fit...
Soudainement, le mage maléfique apparut sur la table. Son regard n’était que haine et exécration. Il souriait d’un air pervers et victorieux. Il prit son long bâton et le pointa sur le groupe avec un rire machiavélique. Un dragon tomba à terre, inanimé. Le regard décidé, Niya se plaça devant ses amis, sans peur. Son émanation forma une bulle protectrice. Aveuglé, le mage hurla. Elle approcha avec assurance vers son adversaire, jusqu’à ce qu’elle soit face à lui. Elle le fixa avec intensité. Elle ressentit toute la misère, le malheur et la haine contenue en lui. Une grande compassion s’empara d’elle. Profitant de sa vulnérabilité, le fourbe saisit son bâton et …..
- Attention !!! cria Ayline
Niya empoigna le bâton et le retourna contre le mage. Il hurla, terrifié. Une combustion spontanée depuis son cœur se propagea jusqu’à l’extrémité de son corps. Il se dissolue en une poudre noirâtre et gluante. Tous les êtres infâmes autour de lui hululèrent. Ils brulèrent à leur tour et finir en un parterre de cendre. D’autres hurlements et gémissements s’entendirent à travers toute la ville. Puis, un orage éclata brusquement, suivi d’une tempête et de fortes rafales de vents qui balayèrent toute la ville. Imperturbable, Niya observait le ciel se déchainer et procéder à ce grand nettoyage.
Gayamé, Niya et Ayline regardaient la ville saccagée se détruire : la nature procédait à la destruction de l’ancien injuste et brutal, pour laisser place à un nouveau monde. Quand les éléments se calmèrent, une petite pluie fine apparut et un soleil étincelant s’éleva dans le ciel. Ils virent la ville dévastée et ravagée avec des milliers de corps reposant sur le sol. Subrepticement, quelques personnes apparurent. Elles se regroupèrent en s’embrassant, heureux d’être en vie.
Puis soudain une clameur se fit, reprise par tous : « plus jamais ça ! »
- Il est temps de partir, dit Gayamé.
Niya grimpa sur son dos et la petite troupe partit
Chapitre 11 - un nouveau monde
- Où va-t-on maintenant ? demanda Niya
- On retourne chez toi, il est temps de changer ton monde
Niya sentit une petite pointe de tristesse apparaître. Elle aimait vivre cette aventure et ne souhaitait pas que cela s’arrête. Et puis, qu’allait-elle faire chez elle ? Tout était si prévisible et organisé. Elle ne voulait plus de cette vie.
Gayamé, ressentant son trouble, lui dit :
- Ne t’inquiète pas, tu es là pour changer ton monde. Toutes tes aventures t’ont métamorphosée. Il est temps que tu apportes ton nouveau souffle.
Confiante, elle s’endormit sur Gayamé avec Ayline dans son cou.
Elle se réveilla chez elle, dans son lit. Elle regarda autour d’elle, mais c’était sombre. L’échelle avait disparu. Perdue dans ses pensées, Niya se demanda : avait-elle vraiment vécu tous ces événements ? Était-ce un simple rêve ?... Elle entendit une petite voix :
- Hé, je suis là….
C’était Ayline. En scrutant plus attentivement la pénombre, elle reconnut Gayamé à côté d’elle qui souriait.
- Te voilà revenue chez toi. Tu vois, nous sommes toujours là. Il est temps maintenant de changer ce monde. Es-tu prête ? Niya acquiesça. Bien, il va te falloir récupérer tes cadeaux (clin d’œil de dragon). Il ouvrit la bouche.
Niya rentra dans Gayamé et retrouva tous ses cadeaux : l’écaille, la fleur, la banane pouète pouète, le stylet soigneur. A chaque objet qu’elle touchait, une intense sensation d’amour l’envahit. Une fois sortie de Gayamé, elle lui demanda :
- Et maintenant, que dois-je faire ?
- Laisse-toi dicter par ton élan… (clin d’œil de dragon)
Niya posa tous ses cadeaux sur son lit. En chaque objet, elle revivait son épopée : l’écaille lui rappela le monde de l’eau, son amie Nayahade et ce puissant élan d’amour. La fleur lui rappela le monde de l’art et ses inspirations créatives. La banane pouéte pouéte lui rappela le monde du burlesque et elle ne put s’empêcher de rire en visualisant ce cher Showw Kakao. Enfin, le stylet soigneur lui rappela le monde de l’innovation avec Ouna, Tchoum’ba et Oïyibali, leurs conceptions novatrices fondées sur le bien-être et l’amélioration du monde. En voyant Ayline tournoyer autour d’elle, elle se rappela aussi le monde de l’imaginaire avecle sage Albame et tous ses êtres fantastiques. Elle se remémora aussi sa dernière aventure dans le monde des cauchemars. Sa victoire face au mage cruel. De nouveau, une synergie transcendantale d’amour et de force l’enveloppa. Elle s’amplifia et se métamorphosa en une lumière étincelante. Comme dans le monde des cauchemars, cette énergie s’expansa et inonda sa chambre.
Elle prit chaque objet l’un après l’autre, les posa sur son cœur et les tendit au ciel en prononçant d’une voix vibrante et retentissante:
Par l’amour divin du monde des rêves,
Je dissous la malédiction de ce monde
En rétablissant les émotions, l’amour, l’art, l’humour, l’innovation et l’imaginaire.
Que la vie coule de nouveau de manière fluide et créative
Qu’il en soit ainsi !
Puis elle entama le chant sacré repris par Ayline et Gayamé, …. La mélodie devint de plus en plus profonde et intense. Petit à petit d’autre voix se joignirent à eux. L’osmose devint palpable. Elle s’amplifia dans la pièce, puis dans la maison, puis dans la ville, et enfin dans le monde. Elle ressentait cette nouvelle énergie émergée en même temps qu’un grand soleil rosé chatoyant apparaissait dans un ciel bleu turquoise.
A la fin du chant, elle ouvrit ses volets d’un geste joyeux et descendit voir ses parents. Ils étaient l’un à coté de l’autre. Se tenaient la main, ils échangeaient amoureusement. Niya n’avait jamais vu ses parents comme ça. Sa mère avait une robe jaune mirabelle avec des touches rouges faite au pinceau. Son père était en short avec une banane pouète pouéte dessiné sur son tee-shirt. Elle se mit à rire. Une nouvelle odeur emplit la maison. Cela sentait le sucré-salé. Elle entendit sa mère dire :
- Surtout ne bougez pas. Je viens d’inventer une nouvelle recette en m’inspirant des plantes qui poussent devant la maison. Vous m’en direz des nouvelles…
La maison aussi avait changé, elle était plus colorée. Des tableaux de dragons et de fées étaient suspendus aux murs. Des plantes comestibles poussaient devant la maison. Elle constata qu’elle en identifiait chaque caractéristique.
Elle sortit dans la rue et vit de grands arbres dorés orner le chemin parsemés de jolies fleurs aux couleurs lumineuses. De l’herbe douce s’étendait partout. Des enfants jouaient au ballon en riant. Des adultes se promenaient main dans la main, conversant et riant avec d’autres. Elle entendit même parler de futures améliorations. Elle vit sa copine Sophie courir vers elle pour lui montrer un dessin de licorne et lui dire :
- Tu crois qu’un jour, j’en rencontrerais une ?
Niya sourit.
Son monde avait changé.
FIN
Merci à Pierre Trochu
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